L’art de la question

Question ouverte, question fermée, question multiple, question inductive… Ahhhhh! Comment s’y retrouver dans tout ce bazar? Et surtout pourquoi tenter de s’y retrouver? Parce que la « Question » est l’un des outils les plus puissants dont vous disposez à titre de gestionnaire pour exercer votre influence, développer votre leadership, résoudre les conflits, développer le potentiel et bien entendu sélectionner judicieusement les meilleurs talents! Qu’en est-il de votre maîtrise de l’art de la « Question »?

Peu importe la forme qu’on lui donne, la « Question » est avant tout un acte de découverte, puisqu’elle nous sert à obtenir une information, mieux comprendre, générer des apprentissages, susciter une réflexion, entrevoir des solutions, etc. Or, la qualité des réponses que l’on obtient dépend de la qualité des questions que l’on pose. Je crois donc nécessaire de faire d’abord un tour d’horizon sur quelques types de questions, leurs utilités et leurs limites avant de déterminer les caractéristiques d’une question puissante et efficace.

Quelques types de questions

Nous pourrions discourir sans fin sur la typologie des questions, mais tel n’est pas le but de cet article. Nous nous concentrerons donc sur les types les plus fréquemment utilisées, à tort ou à raison.

Questions ouvertes : Les questions ouvertes laissent à l’autre toute la liberté de choisir sa réponse et permettent ainsi d’acquérir de l’information. Ce sont les questions les plus efficaces et qui ont le plus d’impact. (Ex : Dans quelle mesure crois-tu pouvoir implanter cette nouvelle initiative dans ton équipe?)

Questions fermées : Les questions fermées donnent lieu à des réponses du registre Oui/Non, Vrai/Faux, Blanc/Noir. Ce type de question n’encourage pas l’échange et n’apporte pas réellement de nouvelles informations. Bien entendu, elle peut être utile pour obtenir une information très précise, ou encore confirmer ou contrôler une réponse que vous avez déjà obtenue suite à une question ouverte. (Ex : Avez-vous complété votre baccalauréat?)

Questions inductives : Il s’agit de questions qui, par leur formulation, sortent de la neutralité et orientent la réponse en fonction de ce que vous désirez entendre. Elles sont à bannir, car les réponses qui en sortent n’ont plus rien de significatif.

Questions multiples : Les questions multiples s’apparentent à des questions fleuves qui perdent non seulement votre interlocuteur, mais qui trahissent aussi le malaise palpable de celui qui la pose et sa peur d’être incompris. (Ex : Qu’avez-vous à me dire au sujet de votre dernier emploi, de votre patron, des défis que vous avez eu à réaliser? Vous voyez ce que ce je veux dire?)

Une bonne question, c’est quoi???

  1. Elle doit être ouverte afin de recueillir un maximum d’information ou d’avoir un maximum d’impact. Pensez à débuter vos questions par : Qu’est-ce, quoi, quel, dans quelle mesure, qui, comment, pourquoi, de quelle façon, parle-moi de, etc. De telles formulations permettent à votre interlocuteur de se mettre en situation de recherche et lui permettront de produire des réponses qui ouvriront de nouvelles pistes de questionnement ou de réflexion.
  2. Elle doit être claire. Si vous avez tendance à reformuler fréquemment vos questions parce qu’elles génèrent de l’incompréhension chez vos interlocuteurs, vous devriez sans doute revoir votre méthode de questionnement. De plus, si la question n’est pas claire pour vous, comment pourrait-elle l’être pour la personne interrogée? Je vous invite donc à clarifier d’abord mentalement l’objectif et l’énoncé de votre question avant de la formuler. « Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire nous viennent aisément » dit le vieil adage…
  3. Elle doit être concise. Dites-vous bien que la réponse doit être au moins quatre fois plus longue que la question et que si votre question dépasse le temps d’une respiration… c’est trop!
  4. Elle doit être pertinente, c’est-à-dire cohérente dans le déroulement de l’entretien et face au sujet discuté. J’ai vu des gestionnaires anéantir leur crédibilité face à des candidats en entrevue avec des questions absurdes du genre « Quel type de film préférez-vous? » ou encore « Vous êtes policier et vous constatez qu’un automobiliste roule à 53km dans une zone scolaire, 4 minutes avant la fermeture de l’école, que faites-vous? »
  5. Elle doit être unique : un seul sujet par question et un seul point d’interrogation par question, sans quoi vous risquez de créer de la confusion ou d’oublier vous-mêmes ce que vous vouliez savoir au départ!
  6. Elle doit être neutre et objective afin de ne pas invalider la réponse en mettant des mots dans la bouche de la personne interrogée. Finalement, souvenez-vous que questionner et écouter sont des éléments indissociables. Vous devez laisser suffisamment de place à l’autre pour y répondre, même si cela vous oblige à quelques instants de silence. Rapidement, vous vous rendrez compte que le silence est salutaire. Bonne pratique, futurs maitres questionneurs!

L’équipe d’Émergence vous souhaite de Joyeuses Pâques!