Égalité homme femme au travail : où en sommes-nous?

Cette année, le thème choisi par l’ONU à l’occasion de la Journée internationale des femmes du 8 mars est « Les femmes dans un monde du travail en mutation : Planète 50/50 d’ici 2030 ». Pour certains, l’égalité homme femme est un acquis dont le débat futile est alimenté par des féministes frustrées alors que d’autres considèrent toujours le sujet d’actualité. Qu’en est-il au sein de nos milieux de travail québécois?

L’égalité en chiffres

Le Québec se distingue par un marché du travail dynamique et vigoureux et par ses valeurs d’égalité et d’accessibilité à l’emploi. La Loi sur l’équité salariale adoptée en 1996, les services de garde abordables et les congés parentaux accessibles autant aux papas qu’aux mamans ont définitivement eu un impact favorable sur la participation des femmes au marché du travail et sur l’égalité homme femme au sein des organisations.

Toutefois, force est de constater qu’il reste du travail à faire. Au Québec, les femmes occupent seulement 18% des postes de haute direction et 30% des sièges à l’Assemblée nationale.

En ce qui concerne l’importance de l’écart salarial, le Canada se classe 7e sur 33 pays de l’OCDE. Seule consolation, le Québec est la province où l’écart salarial entre les hommes et les femmes est le moindre au Canada, après l’Île-du-Prince-Édouard : pour un dollar gagné par les hommes, les femmes gagnent en moyenne 80 cents et 73 cents dans le reste du Canada. (René Vézina, chroniqueur économique, Journal Les Affaires)

L’égalité : enjeu social et économique

Non seulement l’égalité en milieu de travail va de soi pour reconnaître d’un point de vue social la valeur des femmes comme équivalente à celle des hommes, mais la pleine participation de tous, hommes et femmes, à la vie économique revêt une importance particulière au Québec où la population vieillit plus rapidement que dans d’autres pays occidentaux. D’ailleurs, selon le Conference Board du Canada, si les tendances actuelles se maintiennent, le Québec connaîtra un déficit de 363 000 travailleurs d’ici 2030. Bref, notre société n’a pas les moyens de gaspiller aucun talent.

Par ailleurs, « Atteindre l’égalité entre homme et femme constitue une nécessité absolue, et cela pour des raisons économiques. Car seules les économies qui jouissent d’un accès plein et entier à l’ensemble de leurs talents demeureront concurrentielles et pourront prospérer.», estime Klaus Schwab, fondateur et président exécutif du Forum économique mondial.

Finalement, plusieurs études démontrent que les entreprises qui ont les meilleures performances sont aussi celles qui ont le plus de femmes aux échelons décisionnels. Pas parce qu’elles sont meilleures que les hommes, mais parce qu’elles sont aussi bonnes et parce que la mixité donne accès à plus d’idées comme nous le rappelle Mme Isabelle Hudon, Cofondatrice de l’Effet A.

Quelques initiatives pour promouvoir l’égalité homme femme au travail

Bien entendu, les différents paliers de gouvernements peuvent bonifier les différentes politiques familiales déjà en place ou en créer de nouvelles afin de favoriser l’accès des femmes au marché du travail. Ils peuvent également légiférer afin d’assurer la représentativité féminine au sein de nos institutions ou même proposer des crédits d’impôt aux entreprises qui emploieront des femmes dans des postes non traditionnels ou de gestion par exemple.

Cependant, je crois qu’il relève de l’utopie que d’espérer que l’égalité sera atteinte par la seule action des gouvernements. Les organisations et entreprises doivent mettre en place des initiatives visant l’égalité professionnelle. Par exemple :

  • Favoriser la conciliation travail/vie privée en instaurant les horaires flexibles, le télétravail, les garderies en milieu de travail. Certaines entreprises permettent même aux employés d’emmener leurs enfants au travail X nombre de jours par année.
  • Promouvoir la mixité en menant des campagnes de recrutement exclusivement auprès des femmes, en tenant des sessions d’informations auprès des femmes sur des métiers qui leur sont moins connus, en exigeant des candidatures féminines à tous les échelons, etc.
  • Sensibiliser les collaborateurs à l’égalité homme femme en tenant des formations sur le sujet, en évitant de donner les rôles stéréotypés systématiquement aux femmes, en reconnaissant le succès des femmes dans l’entreprise, etc.
  • Développer des moyens structurants qui permettent de contourner les biais cognitifs inconscients comme des grilles salariales ou des outils d’évaluation de la performance.

Et la responsabilité des femmes dans tout ça?

Les femmes doivent prendre leur place et cesser d’attendre qu’on leur cède. Elles doivent se faire confiance davantage, négocier mieux leur salaire (la plupart exigent entre 10 et 15% de moins que les hommes pour un même poste lors d’une entrevue d’embauche!), se donner le droit d’avoir de l’ambition, prendre des risques, ne pas hésiter à postuler à des postes plus élevés. Finalement, les femmes doivent changer leurs paradigmes face à la famille (je suis une moins bonne mère si je suis ambitieuse), mais aussi leur rapport à l’argent qui est souvent perçu comme une valeur essentiellement masculine. Gandhi n’a-t-il pas dit « Sois le changement que tu veux voir dans le monde? »