Quand la reconnaissance perd tout son sens…

Pour montrer votre appréciation à votre équipe, vous avez pris l’habitude d’apporter du café et des viennoiseries à toutes vos réunions hebdomadaires. Avec le temps, vous avez accepté de ne recevoir ni s’il vous-plaît, ni merci pour cette délicate attention. Puis, un jour que vous êtes en retard et que vous n’avez pas le temps d’arrêter au café du coin avant votre réunion, les membres de votre équipe vous reprochent de ne rien avoir apporté…Cela vous rappelle quelque chose? Chez vous, est-ce que la reconnaissance a perdu tout son sens?

S’il vous est arrivé de vous retrouver dans ce type de situation à titre de gestionnaire, vous pourriez être tenté de renoncer aux différentes formes de reconnaissance envers vos collaborateurs sous prétexte qu’ils ne l’apprécient guère de toute façon. Attention! Il s’agit également d’un piège à éviter. Et puis, après tout, comment leur en vouloir? Puisqu’au lieu de faire un acte de reconnaissance spontané et efficace, vous en avez fait plutôt une simple habitude!

À une époque où les talents se font rares et en demande, que la rétention des employés est un enjeu de taille pour nombre d’entreprises, que la nouvelle génération de travailleurs est beaucoup plus volatile que les précédentes et que les cas de maladie, d’épuisement professionnel et de détresse psychologique explosent littéralement, une certitude demeure. La reconnaissance est un besoin fondamental pour tout individu et a un impact certain sur l’édification d’une culture saine et positive au sein de votre organisation, ainsi que sur le développement du sentiment d’attachement et de loyauté des employés face à leur employeur. En effet, la reconnaissance est une nécessité et non un luxe afin de stimuler l’engagement des membres de votre équipe, en plus d’assurer leur bien-être et leur satisfaction au travail.

Le rôle du gestionnaire

Encore une fois, chers gestionnaires, je réitère qu’il vous appartient de valoriser vos collaborateurs au quotidien et d’adopter une attitude positive face à leur contribution. Cet investissement vous épargnera bien des attitudes contre-productives, telles que procrastination, présentéisme et comportements passifs-agressifs si visibles chez les employés démobilisés et qui ne se sentent pas reconnus. Comme la reconnaissance la plus significative pour un individu est celle provenant de son supérieur immédiat, je vous invite à saisir pleinement l’ampleur de l’impact que vous avez sur les membres de votre équipe. Vous avez tout intérêt à bâtir des relations interpersonnelles riches et positives avec votre entourage professionnel. Sans pour autant développer des liens d’amitié, qui pourraient nuire à la nécessaire objectivité dont vous devez faire preuve, une certaine proximité est aujourd’hui de mise. D’ailleurs, saviez-vous que 90% des employés qui quittent leur emploi pour des raisons autres que de commodité (transport, meilleures conditions, déménagement, etc.) le font parce qu’ils jugent la relation avec leur patron insatisfaisante?

Reconnaissance et rituels

Maintenant que nous savons que la reconnaissance est essentielle à la santé de votre organisation, parlons des rituels. Les rituels sont souvent des actes de reconnaissance institutionnalisés, qui constituent des repères réconfortants permettant de consolider la culture organisationnelle et de développer les sentiments d’appartenance des employés. Or, tous les actes de reconnaissance ne doivent pas devenir des rituels, au risque de devenir des habitudes ou encore des droits que les employés considèrent acquis.

Par exemple, les partys de Noël et les BBQ d’été sont des rituels importants et généralement appréciés des employés, tandis que les tirages de prix de présence ou les cadeaux systématiques n’ont peut-être plus l’effet désiré auprès de vos collaborateurs. Ainsi, l’un de mes clients, qui avait pour habitude d’offrir une dinde à tous ses employés pour la période des Fêtes depuis des années, s’est vu durement critiqué l’année où il a offert des certificats-cadeaux pourtant d’une valeur équivalente. Le « droit acquis » à la dinde de Noël était inscrit dans la mémoire collective!

Je vous invite donc à être créatifs et à varier le format de vos actes de reconnaissances afin de ne pas créer d’attentes préconçues ou de nourrir la perception que vous avez l’obligation d’offrir ceci ou cela.

De plus, la modération a bien meilleur goût et à plus d’égards que vous ne le pensez. Les réceptions somptueuses ont surtout pour effet de mettre la barre encore plus haute pour l’année suivante. L’important est de faire en sorte que vos invités soient bien reçus et aient du plaisir. Vous n’êtes pas obligés de faire tirer un voyage dans le sud ou d’avoir Katy Perry qui vient faire un concert pour y parvenir!

Reconnaître sans dépenser

Finalement, on ne peut nier l’importance de la reconnaissance monétaire et la nécessité d’investir quelques sommes en activités ou actes de reconnaissance. N’y a-t-il pas un adage qui dit « If you pay peanuts, you get monkeys »? Il n’en demeure pas moins que certains types de reconnaissance ne coûtent rien et sont beaucoup plus efficaces que les « bonbons » auprès de vos collaborateurs.

Par exemple :

  • Dire bonjour, s’il-vous-plaît et merci
  • Souligner les bons coups
  • Vous informer de leurs projets personnels
  • Vous intéresser à leur travail
  • Les remercier après une période très occupée ou difficile
  • Reconnaître les efforts déployés au cours d’un changement
  • Donner une rétroaction constructive sur une base régulière
  • Prendre des nouvelles lorsque l’un d’eux traverse des moments difficiles
  • Mettre une petite note d’appréciation dans leur pigeonnier
  • Les soutenir devant les difficultés
  • Leur donner droit à l’erreur
  • Favoriser leur développement professionnel
  • Leur accorder des responsabilités supplémentaires et désirées, cela va de soi!
  • Etc

Bref, le budget n’est plus une excuse maintenant, n’est-ce pas? Vous n’avez plus qu’à passer à l’action!